L’œil de l'expert !
Malgré un climat économique incertain, le marché français de la cybersécurité conserve une dynamique d’investissement et de consolidation soutenue. Confrontés à une intensification des cybermenaces, à une pression réglementaire croissante (NIS2, DORA, CRA) et à des besoins accrus en services managés, en conseil, les acteurs du secteur renforcent leurs capacités par des opérations de croissance externe. Si l’effervescence de 2021–2022 a laissé place à un environnement plus sélectif, les logiques de rapprochement restent actives. Elles se structurent notamment autour d’acteurs français cherchant à élargir leur couverture fonctionnelle, à sécuriser leurs expertises clés ou à étendre leur maillage territorial.
Une consolidation portée par les sociétés françaises
En 2024, 13 fusions-acquisitions ont été recensées dans la cybersécurité, dont 10 réalisées par des entreprises françaises, confirmant une dynamique de consolidation domestique. 3 de ces opérations ont été menées par des acquéreurs étrangers (luxembourgeois, norvégien, suédois) mais aucune par une entreprise américaine, un signal notable dans un marché historiquement ouvert.
La tendance se confirme au premier trimestre 2025, avec déjà 13 opérations, dont 11 pilotées par des sociétés françaises, les autres par un luxembourgeois et un américain. Le recul relatif des acquéreurs non européens s’inscrit dans une logique de recentrage stratégique sur les actifs nationaux et européens. Ce climat, renforcé par des exigences croissantes en matière de souveraineté et de confiance numérique, rend les opérations transatlantiques plus complexes et moins prioritaires.
L’internationalisation marque le pas
Les acquisitions à l’international par des entreprises françaises ont ralenti, avec quatre opérations en 2023, trois en 2024 et aucune au premier trimestre 2025. Cette baisse ne traduit pas un désengagement, mais plutôt une reconfiguration des stratégies d’expansion.
Les acteurs français restent en veille active sur des cibles internationales, mais adoptent une approche plus sélective. Ils privilégient désormais des acquisitions à fort impact, susceptibles de leur ouvrir durablement l’accès à de nouveaux marchés, de renforcer leur position sur des verticales clés ou de leur apporter des actifs différenciateurs : équipes locales déjà implantées, certifications stratégiques ou offres à forte valeur ajoutée.
Dans un contexte de tension sur les ressources humaines et d’exigence renforcée de rentabilité, ces acquisitions hors de France sont envisagées moins comme de simples extensions géographiques que comme des leviers de transformation stratégique, intégrés à des projets industriels de long terme.
Moins d’opérations, des tickets plus élevés
Le financement des acteurs cyber reste actif, bien que davantage concentré. En 2023, 35 levées de fonds avaient été recensées pour un total de 448 millions d’euros, soit un ticket moyen de 12,8 millions d’euros. En 2024, le nombre d’opérations est descendu à 21 levées totalisant 324 millions d’euros, mais le ticket moyen a fortement progressé, atteignant 19,1 millions d’euros. Cette évolution reflète une sélectivité accrue des investisseurs, qui concentrent leurs engagements sur des entreprises matures ou stratégiquement mieux positionnées.
Le premier trimestre 2025 confirme cette tendance avec cinq levées représentant 85 millions d’euros, soit 17 millions d’euros en moyenne. Ce léger recul reste cohérent avec un climat global plutôt prudent, tout en montrant que les financements restent disponibles pour les projets à forte valeur ajoutée, notamment sur les segments critiques comme les SOC, la CTI ou la gestion des risques.
Vers un marché plus mature
Les grandes tendances observées dans les rapprochements récents confirment une consolidation du mid-market, avec une priorité donnée aux rachats ciblés entre acteurs français pour renforcer la couverture fonctionnelle ou territoriale.
Les opérations visent également à intégrer des expertises clés dans des domaines à forte valeur ajoutée tels que le SOC, le CERT, l’IAM, la cybersécurité cloud ou OT. On observe un retrait relatif des fonds et acquéreurs américains, compensé par une place croissante des acteurs européens, dans une logique de souveraineté.
Enfin, les opérations deviennent plus sélectives et structurantes, avec une attention renforcée portée à l’intégration post-acquisition, au positionnement différenciant et au retour sur investissement. Moins nombreuses, elles sont aussi plus stratégiques, traduisant une montée en maturité du marché cyber français.
Vous souhaitez en savoir plus ?
CONTACTEZ-NOUS !
Juliette COURTY-GARNIER
02 46 99 17 31 – juliette.courty-garnier@exaegis.com
